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Pensées d'une Sirène
28 juillet 2011

Intégration de 1x(tête de Sirène)²

Suite aux récents événements en Norvège et à la lecture de quelques articles sur le sujet (fiche de lecture sur les 1500 pages du néo croisé, décryptage des concepts qui circulent dans l’air du temps et qui ont nourri cet aliéné), je ne peux m’empêcher d’être à la fois stupéfaite et inquiète.

Stupéfaite, car la seconde guerre mondiale, c’était il y a moins de cent ans ; a priori les horreurs qui y ont été commises devraient être encore dans la mémoire collective.

Inquiète, car je ne peux m’empêcher de penser que les pays européens prennent une mauvaise route sur la question de l’intégration en général, la preuve en est le fiasco absolu de la France black-blanc-beur depuis voilà une bonne dizaine d’années, malgré quand même la super opportunité de 98 de mettre d’accord tout le monde, ou d’au moins essayer.

Avant toute chose, je précise que je discute pas ici la politique d’immigration actuelle, mais de l’intégration des populations immigrées ces 40 dernières années, généralement arrivées suite à la décolonisation et un besoin de main d’oeuvres des pays européens pour les métiers manuels.

Je l’avoue, je suis une Bisounours, ou une Snorky,au choix. Une utopiste, quoi. Au fin fond de mon for intérieur, je suis persuadée que le monde se porterait beaucoup mieux si tout le monde il s’aimait, ou plutôt se respectait (je commence à me faire à l’idée que non, on ne peut ni aimer tout le monde, ni être aimé de tout le monde), et respectait aussi la Terre qui l’entoure. Tout ça dans un esprit d’acceptation de l’autre tout à fait laïque, bien évidemment, la religion relevant pour moi de la sphère privée, une Foi dans le sens noble du terme.

Malheureusement, le monde occidental actuel n’est pas franchement aussi beau, et a un goût plus prononcé pour le sordide, surtout proche de chez soi que pour la mise en oeuvre d’idéaux humanistes. Bon, c’est vrai que le premier est beaucoup plus facile, mais quand même … est-ce vraiment cela qu’on veut laisser aux générations futures ?

Bien évidemment, comme la plupart des gens, j’ai une opinion, mais pas de solutions à proposer. Et pour cause : le problème est différent selon les pays, et y trouver une solution miracle générique est une connerie monumentale.

Depuis que je fréquente de manière régulière les terres de la perfide Albion, je ne cesse d’être frappée par le ressentiment qu’ont les Anglais contre à peu près tout le monde qui viennent en masse dans leur pays. Mon premier choc a été à St James Park, à Londres, quand un ami anglais a sorti, pouf là, comme ça, que c’était inacceptable qu’on puisse se balader dans un parc à Londres sans entendre un mot d’anglais. Trop de Polacks. Quand on n’est pas prévenu, ça fait bizarre, surtout quand le gars qui vous dit ça est tout le temps fourré en Afrique dès que possible (plus pour les paysages que pour les gens, d’accord, mais quand même).

Pourtant, Londres, ce n’est pas l’Angleterre, la vraie.

Après, il y a eu ma découverte de la réalité de la banlieue de Birmingham, et là, on est dans un autre monde. Je ne peux décemment pas dire que si, le problème de l’intégration est le même en France et en Angleterre. Ca serait une malhonnêteté intellectuelle de ma part. Ici, les Anglais applaudissent Sarkozy quand il bannit la burqa. Il faut dire que contrairement en France, ou le phénomène reste quand même marginal (combien de vous ont vu des burqa hors des Champs Elysées ?), on croise des voiles intégraux dans les centres commerciaux de Birmingham. Ici, les policiers se doivent de connaître les us et coutumes des différentes populations pour pouvoir faire leur job. Ici, la minorité numérique est parfois les Anglais eux-même, à qui les politiques sont capables de refuser l’édification d’une église juste après avoir accepté l’édification d’une mosquée, pour ne pas offusquer les musulmans avec une église trop proche de leur nouvelle mosquée.

On m’a même raconté les discussions de la police avec le conseil Sikh de Birmingham pour trouver une solution au problème du port de l’épée, “obligatoire” chez les Sikhs. Il se trouve qu’en réalité, les Sikhs se doivent de porter une lame sur eux de n’importe quelle taille. Même 1cm ou 2, c’est bon, du moment qu’elle est là ; d'ailleurs c'est ce qu'ont les vieux. Ca n’empêche pas que des jeunes branleurs se baladent avec des coupes-choux de 50cm sans permis. C’est leur religion qui le requiert, vous comprenez.

Dans ce contexte là, je suis bien obligée de reconnaître que oui, il y a malaise et que ça serait quand même bien que ces gens comprennent qu’ils sont au Royaume-Uni, plus dans leur pays d’origine, et qu’il y a quand même un minimum à respecter : connaître la langue, la culture, les lois et arrêter de crier au grand méchant loup de la persécution raciste dès qu’un truc ne leur plaît pas.

Et là, je me questionne : deviens-je moi même raciste, intolérante ? Après tout, pourquoi ils n’auraient pas le droit de vivre selon leur culture, alors que moi, je me dis que je continuerai de vivre ici à la française ? Quelle est la différence entre eux et moi, mis à part que je suis beaucoup plus passe partout qu’un Paki ? Je me plais à croire que je connais un peu l’histoire d’Angleterre, la langue de Shakespeare, que j’ai assez de curiosité pour investiguer sur les différences franco-britanniques à l’occasion pour comprendre les gens qui m’entourent, que j’élèverai mes enfants (si j’en ai) dans un esprit franco-britannique (sauf pour la bouffe, pitié !), mais est-ce que je ne me voile pas la face ?

Les cultures - familiale, régionale, nationale et continentale - font clairement partie intégrante de notre identité, et voir le paysage de chez soi changer peut créer une inquiétude sur le caractère immuable de cette petite part de nous. La peur primale est la première réaction quand on touche aux fondements de l’être. Pourtant, croire que c’est simple pour les autres de s’intégrer est un fanstame, car ceux qui ont décidé (de gré, de force) de partir de chez eux pour aller ailleurs doivent tout recréer. C’est plus ou moins simple selon la “distance culturelle”. C’est peut être aussi plus ou moins simple selon le niveau d’éducation, le niveau de conscience des différences auxquelles on va être confrontées.

Bref. D’une part, les locaux ont peur qu’on change leur chez eux, de l’autre, les nouveaux n’ont pas envie de se perdre en quittant leur chez eux. Et il faut pourtant qu’on apprenne à vivre tous ensemble si on veut laisser un monde pas trop pourri aux suivants. L’équation est diablement difficile.

Je préférais la mécanique quantique.

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