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Pensées d'une Sirène

6 octobre 2011

Oui, je sais, ça fait longtemps ...

Je te vois, tu sais. Je vois bien qu'encore une fois tu viens ici, espérant trouver quelque nouvelle missive de ma part et non. Rien. Queud. Peau d'zob. Et là, tu fronces les sourcils, et arbore une moue de désapprobation. Je comprends, j'ai moi même parfois la même réaction quand je vais consulter d'autres blogs lors des mes inactivités passagères au boulot.

Bon, ben voilà, pardon, désolée, tout ça. Et ouiiiiiiiii, je sais, les vacances, vâgue à l'âme et autres excuses à la con que tout le monde sort dans ces cas là ne sont pas plus valables dans mon cas que pour les autres.

Bref. Malgré mon actualité débordante (ne rigoles pas - ce n'est pas parce que je suis sur une île paumée au beau milieu de la mer d'Irlande qu'il ne se passe rien dans ma vie - bien au contraire), je vais tâcher de remédier à ce silence qui a assez duré.

Au menu : je te concocte un petit essai sur ma vie. Un essai car finalement, j'ai eu tellement de vies dans ma vie que c'est quand même assez hallucinant, surtout quand je la raconte et que je trouve tout ce que j'ai fait le plus naturel du monde, et que mon auditoire me regarde les yeux ébobis. Avec la question qui tue "Mais y'a un truc que tu n'as pas fait ?"

En vérité, je te le dis, à toi, rien qu'à toi : oui, il y a un truc que j'ai pas fait dans ma vie.
Succomber à Apple. Et crois moi, aujourd'hui, ça relève de l'exploit !

Promis, je reviens très vite.

 

 

 

 

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18 août 2011

Un panier de crabes ? Où ça ?

Ce soir, c'est fête. Ce soir, je vais ENFIN manger un crabe ici. Et cela me ravit l'esprit et les papilles par anticipation. Je sais, ça peut paraître très con, mais c'est pour moi un signe très fort. Cela veut dire que je commence enfin à connaître les endroits ou je peux trouver de la nourriture de ce nom sur cette foutu île.

Je t'entend penser : « Ben ... Ils ont pas des supermarchés sur ton île ? »
(NDLA : Papa, si tu lis ces lignes, je sais que tu ne dis pas « ben » pour commencer tes phrases, mais comprends bien que je m'efforce à simuler l’interrogation du quidam)

Bien évidemment, qu'il y a des supermarchés. Mais ce sont des supermarchés britanniques. Et par conséquent, il n’y a que des produits de grande consommation britannique, c'est à dire : des chips, du bacon, des saucisses, des baked beans Heinz, du cheddar, du pain anglais, des softs drinks, de la bière et de la brown sauce HP. Pas de poisson, non, ça serait une infamie en plus d’un coup dur pour l’économie : le poisson n'est acheté que chez le Chippy du coin (sobriquet kawaï pour les Fish ‘n Chips). Quant aux fruits et légumes, c'est un concept assez nouveau introduit par les réglementations du Health and Safety qui, pour une fois, a eu une vraie bonne idée. Cependant, la population n'a pas encore bien intégré ce concept. Ni celui de l'équilibre alimentaire d’ailleurs, puisqu'il paraît que le baked bean est un légume, donc en mettre sur un toast ou les mélanger à de la purée constitue un accompagnent équilibré à un steak trop cuit.

J’ai pas dû suivre les mêmes cours qu’eux à l’école, vraiment pas....

Autant te dire que je me sens bien seule parfois quand les gens parlent de nourriture. D’ailleurs, l'une des grandes différences culturelles entre nos deux pays est que le Britannique ne bouffe pas ; il recouvre tout de brown sauce, met le dit tout entre deux tranches de pain et l'ingurgite en buvant de la bière ou une boisson sucrée. Et quand je dis tout, c'est tout, même des choses aussi incongrues que des frites.

Dans ce contexte assez particulier, tu comprends que c'est un exploit d'avoir enfin trouve de la bouffe digne de ce nom.

En plus j'ai même le Riesling qui va avec.

10 août 2011

Shameless vs. La Haine

Ca fait quelques temps que je n’ai pas posté, je sais, c’est mal. J’avoue, j’ai passé la plupart de mon temps à écrire encore des débilités sur le blog de Franpi. Je pense d’ailleurs qu’il va falloir faire une compilation de ces petits bijoux, car là, le Bête et moi nous sommes surpassés en conneries innovantes. Vraiment.

Cependant, je ne vais pas étaler ici mes délires aujourd’hui.

Vous en avez certainement entendu parler, il y a depuis samedi soir des émeutes dans les villes anglaises. Au départ, cela ne concernait quelques quartiers (défavorisés) de Londres ; maintenant elles se propagent au reste du pays. Partout, les mêmes scènes de violence gratuite, de pillages ciblés, et sans raison apparente. Un peu comme ce qu’il s’était passé en 2005 en France, un peu pour des raisons similaires : la mort d’un gars à cause de la police (résumé grossier volontaire).

Je me souviens de la couverture médiatique en France, et je trouvais déjà qu’on donnait dans le sensationnalisme. Mais il y avait quand même quelques voix pour s’élever et dire que tout ça n’était peut être que le symptôme d’un malaise social profond suite à l’abandon de la population des banlieues par les politiques. Qu’on soit d’accord ou pas, là n’est pas la question : l’important, c’est qu’on évoque la possibilité que ça soit le contexte social qui ça la cause de ces émeutes. Ici, c’est … hum … différent.

BBC news, pourtant de réputation sérieuse, fait dans le larmoyant. On va vous raconter comment des vandales ont brûlé un magasin vieux de 150 ans à Londres et les terribles conséquences sur cette famille qui tient la boutique depuis 5 générations. Les riverains de Liverpool vous expliquent ce qu’ils ont observé de chez eux la veille au soir, calfeutrés dans leurs maisons (dévaluées au deux tiers de leur valeur il y a trois ans, rappelons-le). Cameron, obligé d’interrompre ses vacances à cause de ce foutoir, explique que tous les policiers en congés ont été rappelés, et que quiconque est assez grand pour prendre part aux émeutes est assez grand pour répondre de ces actes devant la justice.

Cameron

Les causes des émeutes ? Ah oui, la méchante police qui harcèle les gentils noirs pauvres tout le temps à Londres, et qui ont tué un noir qui leur avait rien fait. Ok, il se baladait avec un pistolet et faisait le con avec, MAIS il n’a pas tiré. La preuve, on n’a retrouvé aucune balle autre que celle de la police. Bouh, les méchants. Pour mémoire, quand ils ont fait la même sur un musulman après les attentats à Londres, c’était pas choquant. Ni quand c’est un blanc qui fait le con. Mais là, c’est un noir et un pauvre en plus. Bouh, les méchants.

Il y a aussi Sky News, ou les émeutes en direct live, avec des vrais morceaux d’interviews dedans (les vandales, les riverains pas contents, les gentils policiers qui défendent les magasins d’électronique des méchants émeutiers qui volent des télés plasmas pour regarder Sky News en HD). VOUS SAUREZ TOUT ! Et c’est vrai : grâce à Sky News, je sais maintenant la vraie définition du mot sensationnalisme. Par contre, aucune mention des raisons pour lesquelles ça dégénère partout dans le pays. Non, le VRAI problème c’est l’annulation des matchs de foot à cause de ces sales voyous. J’ai tenu deux minutes à peu près, et nous avons après décidé d’un commun accord de revenir sur Comedy Central se reposer le cerveau devant la nième rediffusion de « Mon Oncle Charlie ». Au moins, ce cirque là est inoffensif.

Bien évidemment, ce genre d’événement est générateur de discussions au boulot, et là, parfois, ça me terrifie. Quand on sort très sérieusement que le problème de fond est un problème de race, je m’étouffe. Enfin, ça c’était hier, ça a peut être changé depuis que ce ne sont clairement pas que des noirs et des basanés qui vont casser et piller les magasins, mais aussi des petits blancs. Oh, les Chavs s’y mettent aussi ? Non, sans déc ? Mais les gars, vous pensez pas qu’il y a un problème profond dans votre société encore régit de nos jours par les classes sociales ? Non ? Vraiment ?

Et là, je me dis qu’avoir été obligée d’avoir fait de la philo au lycée n’a peut être pas été vain. Les Britanniques n’ont pas du tout ce genre d’exercice obligatoire dans l’enseignement public ; résultat je me demande s’ils ont appris à penser par eux-mêmes Ou au moins à essayer de voir plus loin que le bout de leur nez et raisonner.

Bon, je suis un peu mauvaise langue, il y a quand même des gens qui réfléchissent dans ce pays et même qui publient leurs réflexions. Je ne pensais pas être un jour d'accord avec le Gardian, mais là je dois avouer que je partage son point de vue. Pas le coté « la méchante police harcèle les gentils gens de couleur », mais tout ce qui est dit sur l’immobilité sociale et l’endettement généralisé.

C’est d’ailleurs l’une des choses qui m'a le plus frappé ici, l'endettement généralisé au nom de la consommation. Et comme de par hasard, les banques jouent le jeu à fond. Par exemple, si quelqu’un n'a jamais eu besoin d'avoir recours à un crédit à la consommation ou une carte de crédit, cette personne a beaucoup moins de chances d'obtenir un crédit pour acheter une maison que quelqu’un qui vit constamment sur le fil du rasoir à rembourser ses crédits tous les mois avec sa paye. Et il parait que c'est logique : dans le premier cas, la banque ne peut pas savoir si cette personne sait gérer son argent et si elle va la rembourser à temps. A priori, c'est "sans danger" après tout, si l'on fait attention à ne dépenser que l'argent qu'on a.

Mais c’est sans compter le pouvoir de la télé, omniprésente ici, surtout dans les classes les moins favorisées, qui vend un monde de bonheur continu à grands coups de consommation. C’est d’ailleurs assez hallucinant le nombre de bonnes affaires qui sont constamment promues : achetez chez nous, vous allez faire des économies ! Super promotion de la mort qui tue maintenant, et on vous offre le crédit qui vous permet de commencer à payer que dans un an ! Besoin d’argent ? On a un crédit juste pile poile pour vous, sans prise de tête et vous choisissez comment vous souhaitez rembourser ! Et j’en passe et des meilleures …

La conséquence : le bonheur est dans la consommation. Et là c'est le début de la fin des beans car sans électrochoc externe, c'est parti pour un endettement perpétuel pour vivre ce bonheur factice.

Qu’il y ait eu au départ des émeutes une raison qui a vraiment quelque chose à voir avec la mort d’un black qui avait un pistolet dans l’un des quartiers défavorisés de Londres, soit.
Mais plus maintenant. Là, c’est juste le déferlement des jeunes issus de la low class qui réclament leur droit au bonheur en volant ce qu’ils n’arrivent pas à s’acheter avec leurs salaires de misère et/ou leur allocations, et qui se défoulent de leur violence contre une société qui, d’une certaine manière, les a condamné depuis longtemps.

Finalement, le problème est similaire : dans les deux cas, une certaine jeunesse n’a aucun espoir d’améliorer leur avenir. J’ai juste peur que les concernés soient beaucoup plus nombreux ici, et qu’en plus, personne chez les politiques n’ait envie de s’en occuper.

Rappelons-leur à cette occasion le BA.BA : Panem et circenses, les gars.
Vous voulez être tranquilles ? Maintenez donc les matchs de foot et filez des écrans plasmas.

 

Stop_loot

1 août 2011

Les Misérjases

Encore une idée à la con qui avait été lancée. Et pour une fois, ce n’était pas G. qui en était à l’origine. Pourtant, Dieu sait que qu’il a été à l’origine de nombreuses idées à la con. Ce n’est pas un conventionnel, G. Non, cette fois-ci, j’en étais à l’origine. Auteur de ma propre misère auditive. Le déclencheur ? Je me pose encore la question. L’idée d’un week-end avec les potes pour fêter mon départ, passe encore. Mais un concert de frijaze ?

J’ai toujours eu une relation compliquée avec mon saxophone. Petite, je voulais faire du piano, puis de la flute traversière. C’est une manœuvre familiale qui m’aura fait choisir le saxo. On avait déjà le professeur, il n’y avait donc plus qu’à orienter la petite. Il faut dire que le professeur qui faisait les initiations à la musique au primaire était vraiment un bon prof, avec une méthode qui alliait le plaisir de jouer de flûte à bec à la corvée indispensable du solfège. On apprenait à lire la musique en même temps qu’on la jouait. Une de ces découvertes enfantines insouciantes qui allégeait un quotidien pas toujours rose. Ce prof était, comme tout bon professeur de musique qui se respecte, multi-instruments, mais son instrument de prédilection pour lequel il avait reçu le premier de conservatoire, c’était le saxophone. Petit à petit, mes frères et ma mère m’ont fait écouter des morceaux avec du saxo dedans – pas du jazz, non, ni de swing d’ailleurs, mais de ces morceaux de pop aux solos de ténor lancinants. Les plus emblématiques ? « Lili was here », « Baker Street ». Comme j’étais une bonne petite (arrêtez de glousser dans le fond – c’est au passé je vous ferai remarquer), j’ai donc suivi la tendance, et j’ai donc voulu faire du saxophone. Dans la même veine, j’avais demandé à me faire baptiser un an auparavant, étant la seule non baptisée au catéchisme. Puisque je vous dis que j’étais une bonne petite.

J’ai alors attendu un an et demi avant d’avoir celui qui est devenu mon compagnon de laiton, encore à ce jour à mes cotés. Et oui, à l’époque, on ne donnait pas tout tout de suite aux gamins. C’est pas que, mais ça coûte des sous, donc ça sera ton cadeau de deux noëls et un anniversaire. Ou l’inverse. Je ne sais plus, et ce n’est pas très grave, les deux étant espacés d’une semaine dans mon cas. Et puis enfin, je l’ai eu. Tout beau, scintillant de son éclat doré dans son écrin de velours moumouté brun. Bien évidemment, j’ai essayé de suite d’en sortir un son. Il m’a fallu m’y reprendre plusieurs fois pour en sortir un vague ~*PouêEêt°°, avec une prise de bec assez approximative que j’ai appris être complètement fausse quelques jours plus tard, lors de mon premier cours de saxophone. S’en est suivi six ans de cours avec un prof à qui je dois beaucoup. Malgré toutes mes blessures et tous mes problèmes, il a toujours réussi à me faire revenir à l’essentiel : « Bosse donc la partition sous tes yeux, et s’il te plait, respecte donc le rythme qui y est écrit. L’interprétation, c’est bien, mais pas avec la partition je te prie ». J’ai donc étudié mes gammes, mes liés et détachés, la transposition à vue. Même l’improvisation et les gammes de blues. Mais mon très cher et fidèle saxophone n’a jamais été celui sur lequel je pleurais ma misère affective. Je le faisais plutôt a cappella.

Après ? Les années de galère estudiantine, sans personne avec qui jouer, une motivation assez inexistante somme toute de sortir mon très cher saxophone de son caisson, et le faire vibrer. Bien évidemment, parfois, au détour d’une journée hasardeuse, je le sortais et jouais, improvisais sur des morceaux  connus par cœur (Gershwin, j’espère que tu ne m’en voudras pas), mais sans plus. Mon cœur n’y était pas. J’ai même commencé à lui être infidèle avec un bodhràn. Son accent irlandais, sa complaisance vis-à-vis de ma consommation de bière, les vibrations de sa peau contre mon cœur … J’étais faible et désemparée. Cependant, malgré mon ingratitude et mon infidélité, mon saxophone ne m’en a pas voulu.

Un jour où j’étais encore empêtrée dans ma misère affective, mon ami le non-conventionnel G. a eu l’idée lumineuse de faire un projet pour célébrer la beauté de la vie. Quand un homme boosté aux HCG vient vers vous avec un large sourire pour vous proposer de participer à un projet musicalo-photographique quand pour vous, la vie est un bagne, quand il vous donne quelques grains d’argent pour immortaliser des scènes de bonheurs fugaces, et vous demande d’en jouer la bande originale,  vous dites oui, non pas par conviction, mais par espoir. L’espoir qu’il a insufflé en vous que quelque chose de plus beau, de plus grand en ressortira, malgré les affres ténébreuses qui vous rongent. J’ai donc ressorti mon saxophone, pour le réapprivoiser dans un premier temps, puis pour travailler ce morceau au titre évocateur : La Vie est Belle. Ce fut difficile, mais ce ne fut pas en vain. La preuve en images : http://www.agedigital.com/lavieestbelle/

D’aucun pourrait croire que c’eut pu être la fin de ce désamour entre mon saxophone et moi. C’était sans compter les obscures tractations de la vie qui m’ont éloigné encore une fois de mon saxophone. Les plus terribles tourmentes sont à l’intérieur de nous, et ces tempêtes de la conscience ne sortaient pas de mon être, même pour faire quelques gammes mineures. J’ai même continué le jeu pervers de l’infidélité en succombant à une autre percussion venue d’ailleurs…

Pourtant, il ne m’en a pas tenu rigueur. Il est toujours là, après de moi, attendant patiemment que je le reprenne entre mes mains.

Que m’a-t-il pris alors, ce jour de décembre 2010, à avoir une idée pareil ? Une maison à St Jean, pas loin du Val, pour célébrer l’espoir de jours meilleurs, d’un projet à deux qui dépasse ma misérable condition d’humaine. Pourquoi y associer mon très cher saxo ? Pourquoi nous donner la possibilité de jouer des notes sans queue ni tête, sans cohérence auditive, des notes juste comme ça nous vient, à lui et à moi ? Peut être m’eut-il fallu une sorte de catharsis musicale pour expier ma culpabilité vis-à-vis de mon tout premier instrument, et ainsi nous redonner un souffle de liberté. Celui qui ne m’a jamais quitté. Et qui ne me quittera jamais.

J’aurai dû comprendre depuis longtemps que les saxophones sont polygammes.

(NDLA : cette prose a été écrite en réponse à l'article de mon très cher ami F.)

28 juillet 2011

Intégration de 1x(tête de Sirène)²

Suite aux récents événements en Norvège et à la lecture de quelques articles sur le sujet (fiche de lecture sur les 1500 pages du néo croisé, décryptage des concepts qui circulent dans l’air du temps et qui ont nourri cet aliéné), je ne peux m’empêcher d’être à la fois stupéfaite et inquiète.

Stupéfaite, car la seconde guerre mondiale, c’était il y a moins de cent ans ; a priori les horreurs qui y ont été commises devraient être encore dans la mémoire collective.

Inquiète, car je ne peux m’empêcher de penser que les pays européens prennent une mauvaise route sur la question de l’intégration en général, la preuve en est le fiasco absolu de la France black-blanc-beur depuis voilà une bonne dizaine d’années, malgré quand même la super opportunité de 98 de mettre d’accord tout le monde, ou d’au moins essayer.

Avant toute chose, je précise que je discute pas ici la politique d’immigration actuelle, mais de l’intégration des populations immigrées ces 40 dernières années, généralement arrivées suite à la décolonisation et un besoin de main d’oeuvres des pays européens pour les métiers manuels.

Je l’avoue, je suis une Bisounours, ou une Snorky,au choix. Une utopiste, quoi. Au fin fond de mon for intérieur, je suis persuadée que le monde se porterait beaucoup mieux si tout le monde il s’aimait, ou plutôt se respectait (je commence à me faire à l’idée que non, on ne peut ni aimer tout le monde, ni être aimé de tout le monde), et respectait aussi la Terre qui l’entoure. Tout ça dans un esprit d’acceptation de l’autre tout à fait laïque, bien évidemment, la religion relevant pour moi de la sphère privée, une Foi dans le sens noble du terme.

Malheureusement, le monde occidental actuel n’est pas franchement aussi beau, et a un goût plus prononcé pour le sordide, surtout proche de chez soi que pour la mise en oeuvre d’idéaux humanistes. Bon, c’est vrai que le premier est beaucoup plus facile, mais quand même … est-ce vraiment cela qu’on veut laisser aux générations futures ?

Bien évidemment, comme la plupart des gens, j’ai une opinion, mais pas de solutions à proposer. Et pour cause : le problème est différent selon les pays, et y trouver une solution miracle générique est une connerie monumentale.

Depuis que je fréquente de manière régulière les terres de la perfide Albion, je ne cesse d’être frappée par le ressentiment qu’ont les Anglais contre à peu près tout le monde qui viennent en masse dans leur pays. Mon premier choc a été à St James Park, à Londres, quand un ami anglais a sorti, pouf là, comme ça, que c’était inacceptable qu’on puisse se balader dans un parc à Londres sans entendre un mot d’anglais. Trop de Polacks. Quand on n’est pas prévenu, ça fait bizarre, surtout quand le gars qui vous dit ça est tout le temps fourré en Afrique dès que possible (plus pour les paysages que pour les gens, d’accord, mais quand même).

Pourtant, Londres, ce n’est pas l’Angleterre, la vraie.

Après, il y a eu ma découverte de la réalité de la banlieue de Birmingham, et là, on est dans un autre monde. Je ne peux décemment pas dire que si, le problème de l’intégration est le même en France et en Angleterre. Ca serait une malhonnêteté intellectuelle de ma part. Ici, les Anglais applaudissent Sarkozy quand il bannit la burqa. Il faut dire que contrairement en France, ou le phénomène reste quand même marginal (combien de vous ont vu des burqa hors des Champs Elysées ?), on croise des voiles intégraux dans les centres commerciaux de Birmingham. Ici, les policiers se doivent de connaître les us et coutumes des différentes populations pour pouvoir faire leur job. Ici, la minorité numérique est parfois les Anglais eux-même, à qui les politiques sont capables de refuser l’édification d’une église juste après avoir accepté l’édification d’une mosquée, pour ne pas offusquer les musulmans avec une église trop proche de leur nouvelle mosquée.

On m’a même raconté les discussions de la police avec le conseil Sikh de Birmingham pour trouver une solution au problème du port de l’épée, “obligatoire” chez les Sikhs. Il se trouve qu’en réalité, les Sikhs se doivent de porter une lame sur eux de n’importe quelle taille. Même 1cm ou 2, c’est bon, du moment qu’elle est là ; d'ailleurs c'est ce qu'ont les vieux. Ca n’empêche pas que des jeunes branleurs se baladent avec des coupes-choux de 50cm sans permis. C’est leur religion qui le requiert, vous comprenez.

Dans ce contexte là, je suis bien obligée de reconnaître que oui, il y a malaise et que ça serait quand même bien que ces gens comprennent qu’ils sont au Royaume-Uni, plus dans leur pays d’origine, et qu’il y a quand même un minimum à respecter : connaître la langue, la culture, les lois et arrêter de crier au grand méchant loup de la persécution raciste dès qu’un truc ne leur plaît pas.

Et là, je me questionne : deviens-je moi même raciste, intolérante ? Après tout, pourquoi ils n’auraient pas le droit de vivre selon leur culture, alors que moi, je me dis que je continuerai de vivre ici à la française ? Quelle est la différence entre eux et moi, mis à part que je suis beaucoup plus passe partout qu’un Paki ? Je me plais à croire que je connais un peu l’histoire d’Angleterre, la langue de Shakespeare, que j’ai assez de curiosité pour investiguer sur les différences franco-britanniques à l’occasion pour comprendre les gens qui m’entourent, que j’élèverai mes enfants (si j’en ai) dans un esprit franco-britannique (sauf pour la bouffe, pitié !), mais est-ce que je ne me voile pas la face ?

Les cultures - familiale, régionale, nationale et continentale - font clairement partie intégrante de notre identité, et voir le paysage de chez soi changer peut créer une inquiétude sur le caractère immuable de cette petite part de nous. La peur primale est la première réaction quand on touche aux fondements de l’être. Pourtant, croire que c’est simple pour les autres de s’intégrer est un fanstame, car ceux qui ont décidé (de gré, de force) de partir de chez eux pour aller ailleurs doivent tout recréer. C’est plus ou moins simple selon la “distance culturelle”. C’est peut être aussi plus ou moins simple selon le niveau d’éducation, le niveau de conscience des différences auxquelles on va être confrontées.

Bref. D’une part, les locaux ont peur qu’on change leur chez eux, de l’autre, les nouveaux n’ont pas envie de se perdre en quittant leur chez eux. Et il faut pourtant qu’on apprenne à vivre tous ensemble si on veut laisser un monde pas trop pourri aux suivants. L’équation est diablement difficile.

Je préférais la mécanique quantique.

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24 juillet 2011

Carpe solem (dès fois qu'il se barre)

        C'est un de ces jours qui me fait aimer ici. Le soleil inonde de ses rayons sereins les montagnes de l'arrière pays mannois, que je contemple tranquillement du jardin du pub du coin, un capuccino à portée de main. Enfin... aussi tranquillement que possible le premier samedi après midi des vacances d'été, dans un beer garden ensoleillé après une semaine de temps maussade - le genre de temps qui est normal ici en Juillet, mais qui est considéré comme pourri et froid en France.


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Si tu as bien lu mon premier billet et que tu es soit cultivé, soit curieux (je penche pour la seconde option), tu auras compris que j'habite depuis peu l'île qui a vu naître Mark Cavendish. Sinon, pour ceux qui n'ont rien suivi, j'ai récemment déménagé sur un caillou au milieu de la mer d'Irlande qui répond au doux nom de l'ile de Man.

        C'était le 1° Avril de cette année, et non, ce n'était pas une blague.

Bien qu'au beau milieu des îles britanniques, l'ile de Man a le goût des endroits du bout du monde. La plupart des gens n'en ont tout bonnement jamais entendu parler (la récente campagne d'information lancée par l’office du tourisme de Douglas devrait cependant changer la donne) ; d'autres font mine de connaître, mais n'ont aucune idée de la localisation géographique, ne fut elle qu'approximative.

Pour y arriver, c'est un parcours du combattant. La voie des airs et celle des eaux partent exclusivement du Royaume-Uni, et tu imagines bien qu’aucune n’est coordonnée un tant soit peu avec d’autres transports ralliant le continent. Bref, de Paris, le trajet pour l'ile de Man est aussi long que celui pour New York. Et encore...  dans les bons jours ou Air France daigne voler à heure dite. Parfois, un avion du continent s’aventure au-delà de Londres pour atterrir à Ronaldsway. Provenance : Genève ou Bruxelles, ça dépend des années et du marché financier.

         Je vois d’ici tes lèvres esquisser un « Pourquoi le marché financier ?  Qu’est-ce que cela a à voir avec la choucroute ? ». Ne t’impatiente donc pas, j’y viens.

L'ile de Man a un statut assez particulier. Elle partage avec ses consœurs anglo-normandes, Jersey et Guernesey, la particularité de ne pas faire partie du Royaume Uni. C’est une dépendance de la couronne britannique, avec un Lieutenant Gouverneur et tout le tralalala qui va avec. Concrètement, ça veut dire qu'elle a presque tout d'un pays indépendant sauf qu’elle ne l’est pas : propre drapeau (sans aucun signe de l’Union Jack), propre gouvernement, propre sécurité sociale, et propres lois. Notamment sur la taxation des sociétés.

         Tu sais là, les trucs qu'on appelle paradis fiscaux. C'est exactement ça, mais au lieu d'être sous les Tropiques, on est à la même latitude qu'Hambourg. Tout de suite, c'est moins beaucoup sexy...

Donc oui, aujourd'hui, c'est un jour qui me fait aimer l'ile de Man. Le beau temps permet enfin de mettre plus que le bout du nez dehors, d'aller se balader par monts et par vaux pour profiter des paysages enchanteurs de l’île et de se laisser emporter par la douce insouciance estivale. La mer d'Irlande de son bleu intense contraste avec les falaises vertes émeraudes sur lesquelles paissent tranquillement des nuées de moutons. Les plus hautes sont comme pelées, recouvertes de bruyère et d'herbes basses, et offrent des vues imprenables sur le reste de l'ile, partagé entre montagnes, bocage et villages proprets.

Enfin, ça, c'est pour la partie sud. Le tiers nord de l'île est une plaine, et offre une vue assez impressionnante sur les montagnes du centre puisque que de cette plaine, on passe directement au point culminant de l'ile, le Snaeffel. Je l'avoue volontiers, je suis plus attirée vers le sud et ses paysages remplis de celtitude à faire fondre le cœur de n'importe quel Breizhou, y compris ceux de Normantagne et de Vendée.

        Peut-être te demandes-tu comment j'ai pu atterrir sur ce caillou au milieu de la Mer d'Irlande ? Je vais assez pudiquement te répondre que c'est un pari sur l'avenir, né d'une conviction assez profonde qu'entre l'ile de Man et l'Angleterre,  je m'acclimaterai plus facilement ici que dans cette Angleterre trop périurbaine à mon goût, où finalement il n'y a qu'assez peu d'endroits où la nature prend vraiment le dessus. Or, si j'ai quitté Paris pour ne pas vivre dans une ville (la seconde moitié concerné par le pari a de drôles d'idées, mais je lui pardonne, c'est un anglais après tout), je préfère être franchement à la campagne. C'est très drôle d'ailleurs, ces notions de ville et de campagne, cela fait partie de ces petites différences conceptuelles entre français et britanniques assez rigolotes...

Mais je reviendrai plus tard sur ces différences. Revenons à nos moutons blancs qui paissent sur les falaises comme autant de promesse de gigots succulents, le vent qui fait se coucher les herbes dépassant 10cm de hauteur, la mer bleue roi qui ne s’offre qu’aux sirènes les plus téméraires (12°C dans l’eau) et ce soleil qui me réchauffe le cœur et le sang.

 

Mais quelle idée j’ai eu de me baigner bordel ?

 

22 juillet 2011

Premier Billet

        Bonjour à toi qui s’est échoué sur ce blog un peu par hasard (sauf si tu as reçu un email de ma part t’intimant de venir ici, auquel cas merci d’avoir cliqué sur le lien). J’espère que tu ne m’en voudras pas si je te tutoie ; ce n’est pas une volonté de t’infantiliser ou une marque d’impolitesse, c’est juste que je souhaite créer ici une petite ambiance intime, tout ça. Il parait qu’un blog, c’est intime. Non, de nos jours, une intimité partagée avec des millions de lecteurs potentiels n’est pas un paradoxe.

        Suite à un de ces commentaires savoureux que j’ai pondu sur le blog d’un ami, je me suis rendue compte à quel point j’aime écrire. Pourtant, j’ai toujours été assez moyenne en cours de français ; je n’ai jamais bien compris pourquoi d’ailleurs car ce n’était pas à cause de fôtes d’aurtografe qui piquent les nyeux, ni à cause d’une grammaire bancale (quoique, je l’avais peut être mal rangée dans ma bibliothèque). Je n’ai donc pas la prétention de dire que j’ai toujours eu l’âme d’un écrivain, que ce blog est la continuité de mes années fantasmées de Khâgne et de Science Po, ni que ma vie est super intéressante et qu’elle vaut le coup d’être publiée.

Quoique. Quand on voit qu’un adolescent qui n’a pas encore le droit de boire de l’alcool dans son pays est capable de sortir une biographie sur sa courte vie en disant que ça peut être une source d’inspiration pour les plus jeunes … Sait-il que les plus jeunes ne savent pas encore lire ?

        Pardon. Je dévie.

Suite à cette découverte (Jkiff ékrir grav mdrrrrr), j’ai décidé de créer ce blog pour me donner un espace où publier mes écrits et qui soit un peu plus sexy que mon disque dur. J’aime partager, raconter des choses, discuter, voire jouter verbalement, mais malheureusement mon disque dur s’est montré par le passé assez obtus sur la question, et s’est enfermé depuis dans un silence ponctué de ronronnement de disque rayé.

J’avoue que ma fraîche expatriation dans une petite île paumée au beau milieu de la mer d’Irlande n’est peut être pas étrangère à cette décision. Le fait de ne plus baigner dans le bain culturel français m’a fait prendre aussi conscience que l’on peut assez rapidement devenir complètement acculturé si l’on ne prend pas garde à justement cultiver cette facette de sa personnalité. Je compte donc la cultiver ici, en écrivant dans ma langue natale, avec les références culturelles qui y affèrent.

        Et puis le blog, c’est à la mode.

Voilà. Maintenant tu sais pourquoi ce blog existe. Tu te demandes peut être « Mais pourquoi l’appeler ainsi ? », ou encore « Ariel, mais que vas-tu donc raconter ici ? ».

        Tout d’abord, malgré le nom du blog, je ne m’appelle pas Ariel. Le nom de ce blog vient de mon nom de plume sur le blog ami cité ci-dessus, né d’un surnom qui m’a été donné sur la Toile, à l’époque où je faisais de la photographie sous-marine (oui, je sais, ça fait un peu suffisant comme déclaration, mais le pire, c’est que c’est vrai). En même temps, une plongeuse d’1m55 peut elle s’attendre à autre chose qu’être surnommé la Petite Sirène ?

Maintenant que ce point est éclairci, passons au contenu de ce blog. Que vais-je y raconter ? Vaste question, à laquelle je réponds : « Et La P'tite Sirène créa ce blog à son image. Amen »

Autant te dire, très cher et estimé lecteur, que ça va être un joyeux bordel. Car si j’arrive à faire en sorte que ce blog me ressemble, il y aura en vrac : des états d’âme, des Großenn Konneries, des chroniques sur ces êtres étranges que sont les Anglais, des récits de voyage sorties du fin fond de mes notes d’il y a un lustre, des billets d’opinion qui n’engageront que moi, des photos qui n’ont rien à voir, que sais-je encore …

        Bref. On verra bien où ça nous mènera.

En tout cas, que tu reviennes ou pas, je te remercie d’avoir lu ces quelques lignes. Si, si, vraiment, ça me fait plaisir.

A bientôt :)

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Pensées d'une Sirène
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